Monvu, l'hôpital fribourgeois du Congo

Composé de trois bâtiments disposés en arc de cercle, le petit hôpital de Monvu (RD-Congo) ne ressemble pas à ses homologues fribourgeois. Il est l'unique hôpital de l'île Idjwi – 285 km2, sur le lac Kivu – et ses 98 lits desservent une population de 200000 habitants. Les malades s'y rendent généralement à pied, secondés par un accompagnant qui cuisine, s'occupe d'eux et dort sous leur lit. Vous en conviendrez, rien à voir avec nos hôpitaux. Pourtant, si vous assistez à une césarienne, les médecins locaux vous expliqueront que la majorité du matériel qu'ils utilisent a déjà servi à Fribourg.
Que ce soit la table d'opération, l'appareil d'anesthésie, les tambours de stérilisation, l'aspirateur électrique ou le scialytique, vous constaterez que le matériel de l'ancienne salle d'opération de la clinique Garcia fonctionne toujours en 2009. Ces équipements ne constituent d'ailleurs qu'une partie de la chaîne de solidarité instiguée par Claude Maillard en 1982, lors de son arrivée en mission à Idjwi.

Trouver l'aide efficace
«J'ai mouillé beaucoup de chemises: pour mettre en route l'hôpital, engager le médecin, les infirmiers. Mais je crois que cette énergie e été récompensée parce que très vite, j'ai eu de l'aide, grâce aux médecins suisses qui sont arrivés.» Avec humilité, Claude Maillard n'a besoin que de quelques mots pour résumer un travail de plus de vingt-cinq ans et la cause principale de son aboutissement: l'intelligence de savoir s'entourer.

Quand il arrive à Monvu, l'hôpital est désaffecté et les missionnaires doivent se débrouiller avec les moyens du bord pour aider le personnel médical à combattre une épidémie de dysenterie bacillaire. Les Banya-Idjwi (habitants de l'île) doivent gagner le continent et pagayer une nuit sur le lac Kivu pour se faire soigner. Les noyades se comptent par dizaines. Claude Maillard se sert alors de ses relations pour récolter des fonds et trouver les ressources humaines nécessaires à la reconstruction de l'hôpital d'ldjwi. Bernard Schmutz, géomètre résidant à Fribourg, passe trois ans sur l'île de 1984 à 1987.Il participe notamment à la réhabilitation du bâtiment de chirurgie et de la maternité. "Panneaux solaires, génératrice ou matériel médical, des centaines de kilos d'équipement en provenance de Suisse sont acheminés à Monvu. Des chirurgiens suisses (voir ci-dessous) se rendent également à Idjwi de 1986 à 1993. En plus d'opérer les autochtones et de former le personnel, leur impact est considérable au niveau de la récolte d'aide matérielle en Suisse.

Aujourd'hui, le docteur Mukupi, médecin-chef à Monvu, s'empresse de dire que «la chirurgie, si ça tient le coup, c'est grâce aux compresses et à beaucoup d'autre matériel envoyé par la Suisse». Par contre le contexte a changé. Victime d'un accident de moto sur l'île, Claude Maillard fut rapatrié en 1989. Sa santé ne lui permettant pas de, poursuivre sa mission à Idjwi, il fonda en 1994 l'association Aide à l'hôpital Monvu, présidée actuellement par Jacques de Raemy.

Basée à Fribourg, cette association apporte chaque année une aide d'environ 25000 dollars à l'hôpital, répartie en trois parts égales: l'achat de matériel, l'achat de médicaments et le soutien de boursiers, autochtones qui ne pourraient assumer seuls leurs études dans le domaine de la santé. Christian, jeune étudiant bénéficiant de ce soutien, explique que c'est pour lui un but et une fierté de Pouvoir un jour «aider sa famille et soigner les insulaires». Inscrit dans une université de Goma, il devrait recevoir son diplôme dans deux ans.

Les progrès sont considérables à Monvu. L'établissement sera notamment doté d'une nouvelle salle d'opération financée par une ONG belge, une nécessité au vu de l'accroissement démographique à Idjwi. «L'hôpital est encore un grand chantier où il y a beaucoup à faire», avoue Claude Maillard. Toutefois, un élément le réjouis:-«Je crois qu'il .y a une capacité, ici, sur place, pour assumer le futur de ces réalisations. Et pour moi, le plus grand bonheur, c'est de devenir inutile et de constater que la transmission a été faite.»

La joie d'être aidé
Est-ce la vocation ou l'oubli de soi au profit des autres qui ont permis au Fribourgeois de remettre un hôpital sur le droit chemin avec tant d'abnégation? De la généralisation des constructions en briques aux adductions d'eau en passant par les progrès médicaux dans le Sud-Kivu une chose est certaine : au-delà de Monvu, son nom se retrouve souvent à l'origine d'avancées significatives dans la santé et le développement de l'île idjwi.
Quant au soutien suisse fait la fierté des médecins Monvu et des Banya-ldjwi. "Le premier mot qui me vient à l'esprit, c'est la gratitude. La satisfaction de voir qu'il y a encore des gens qui se soucient des autres". Le docteur Mukupi exprime un sentiment largement partagé par la population.
Peut-être avons-nous tendance à oublier dans notre quotidien d'Occidentaux une réalité pourtant basique: au-delà de l'aide matérielle, lorsqu'on ne possède absolument rien, l'intérêt que nous portent les autres devient très souvent une source d'espoir.



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