Proche Orient : Plusieurs soldats israéliens auraient abattu sommairement mardi trois Palestiniens armés, blessés après avoir préalablement ouvert le feu dans une embuscade.

Le CICR soupçonne Tsahal de violations "intolérables" du droit humanitaire.

"Si elle est prouvée, cette violation du droit humanitaire est pour nous intolérable." La formule ne va pas radoucir les relations entre le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) et l'Etat d'Israël. D'autant que le directeur général de l'institution, Paul Grossrieder, actuellement en visite au ProcheOrient, ajoutait hier à Tel-Aviv: «Les éléments en notre possession confirment effectivement l'existence de cette violation» de la part de l'armée israélienne. Cela se passait mardi, en Cisjordanie. Patrouillant sur une route près de la ville palestinienne de Naplouse, des soldats israéliens ont été pris en embuscade par trois hommes armés. L'un des militaires de Tsahal, un officier réserviste de 39 ans, a été durement touché à la poitrine avant de mourir. Ses camarades ont ouvert un feu nourri sur les assaillants. Les suites de l'affrontement varient selon les sources. Selon Mohammed Ayyad, du Croissant-Rouge Palestinien, une équipe médicale arabe, arrivée la première, a été empêchée de soigner les Palestiniens blessés. «On lui a demandé de s'occuper de l'officier israélien. Mais son état était si grave que l'équipe n'a rien pu pour lui.»

D'après la Croix-Rouge locale, les assaillants palestiniens n'étaient alors que modérément blessés. Sept soldats se seraient néanmoins dirigés vers eux et les auraient abattus de sang-froid. «C'était une exécution», selon Mohammed Ayyad. Les soldats auraient alors affirmé à l'équipe médicale: «Vous n'avez maintenant plus de raisons de rester ici. Ils sont morts.»

L'armée israélienne dément

«Tuer des personnes blessées constitue l'une des plus graves violations du droit humanitaire», a rappelé hier Paul Grossrieder. Par ailleurs, sans se référer explicitement à ce cas, il a loué «le professionnalisme et la motivation» du personnel de la Croix-Rouge locale. «Tout indique qu'il n'existe pas un seul cas où une ambulance aurait été utilisée à d'autres fins qu'humanitaires», a-t-il notamment déclaré.

La version de Tsahal diffère du tout au tout. «Nous avons enquêté sur ces allégations, qui se sont avéré être des mensonges sans aucun fondement. Les terroristes ont été tués par le feu de l'armée pendant qu'ils attaquaient. L'équipe du Croissant-Rouge a été autorisée à soigner les Palestiniens. Ces mensonges viennent s'ajouter à d'autres dans l'encouragement à la violence palestinienne», a indiqué qué l'armée.

Comme l'Autorité palestinienne la veille, le directeur général du CICR a laissé entendre hier qu'il souhaiterait l'ouverture d'une enquête interne à l'armée. La seule que celle-ci a lancée concerne pour l'instant l'attitude des soldats israéliens vis-à-vis de leur propre sécurité. La question est notamment de savoir si les soldats auraient dû attendre du renfort avant de s'approcher des Palestiniens qui les ont attaqués. Dans l'attente d'une éventuelle autre investigation, Paul Grossrieder a cependant pu se rendre compte du durcissement de la situation proche-orientale, après le meurtre du ministre démissionnaire du Tourisme, Rehavem Zeevi, et de l'occupation, par des blindés israéliens, des principales villes palestiniennes qui s'en est suivie.

«J'ai été frappé de voir à quelpoint les questions d'éducation, de liberté de mouvement, d'accès aux soins sont en train de devenir extrêmement difficiles», a expliqué le responsable du CICR. En réponse à une question, il a cité, parmi les violations israéliennes à la IVème Convention de Genève, le bouclage des territoires autonomes comme moyen de «punition collective des Palestiniens». «Ce que j'ai vu Ramallah s'apparente à cela», a-t-i insisté en soulignant que le but de cette Convention était principalement de permettre aux gens soumis à une occupation militaire de vivre plus ou moins normalement). Or selon lui, cela est de moins en moins le cas.

Pour les Israéliens, la visite de Paul Grossrieder était surtout l'occasion de demander de l'aide au CICR afin d'éclaircir le sort de trois soldats enlevés il y a plusieurs mois par le Hezbollah, à la frontière entre Israël et le Liban. Le gouvernement israélien vient d'admettre que, selon tout vraisemblance, ils avaient été tué lors de leur capture. Le responsable de l'institution genevois s'envolait hier pour Beyrouth afin de rencontrer à ce propos les autorités libanaises et le Hezbollah.


Luis Lema, Jérusalem
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