"La paix des autres est aussi la nôtre"
Terrorisme, guerres civiles, catastrophes naturelles, pauvreté... Aux yeux de Jean-Jacques de Dardel, chef du nouveau Centre de politique de sécurité internationale du DFAE (CPSI), ces dangers ne doivent pas servir de prétexte à la résignation – au contraire.
La Suisse et le monde: Monsieur de Dardel que peut faire un petit pays comme la Suisse pour contribuer à résoudre les problèmes de sécurité internationale?
Jean-Jacques de Dardel: La contribution d'un pays ne dépend pas de ses kilomètres carrés ou de la Taille de sa population mais de sa volonté de participer, de sa créativité et des moyens qu'il est disposé à engager. La Suisse s'investit de différentes façons en faveur de la stabilité: elle envoie des experts dans des zones sous tension, elle offre sa médiation, elle soutient les efforts d'autres pays pour renforcer l'Etat de droit et la démocratie, elle s'engage pour le respect des droits de l'Homme, elle lutte contre la prolifération des armes légères, elle réclame l'interdiction des mines antipersonnel.
Géographiquement, nous déployons ces activités avant tout dans les Balkans, le Caucase, en Asie centrale, mais aussi au Moyen-Orient et en Afrique, où notre coopération au développement est fortement ancrée depuis des générations.
Comment la Suisse profite-t-elle des efforts sécuritaires de la communauté internationale?
Les dangers sont aujourd'hui globaux et le degré d'interdépendance mondiale est devenu tel que chaque crise et chaque conflit a des effets économiques et sociaux sur la Suisse dont la prospérité dépend beaucoup de ses échanges internationaux.IlI est donc dans notre intérêt de nous joindre aux efforts sécuritaires de la communauté internationale. La paix des autres est aussi la nôtre.
Que signifie pour vous la sécurité?
Elle englobe davantage que la simple défense, l'ordre institutionnel et le contrôle aux frontières. C'est un sentiment subjectif qui permet à chaque individu de croire en la possibilité d'un avenir fructueux. C'est aussi un processus par lequel les tensions et contradictions inévitables des sociétés humaines évoluent et se résolvent dans le dialogue plutôt que la violence. La politique de sécurité intègre ces différentes dimensions. Tenant compte autant des causes des conflits que de leur issue, elle cherche à intervenir de manière adaptée aux différents stades des problèmes qui se posent à des groupes de personnes, des régions ou des Etats.
Quels sont les objectifs du CPSI?
Le centre est compétent pour tous les aspects de politique étrangère liés à la sécurité, à la gestion des crises et au désarmement. Il contribue ainsi à la définition de la politique de la Suisse dans les différentes organisations internationales qui s'occupent de sécurité: l'ONU, l'OSCE, le CPEA et le PPP, le Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud Est, ainsi que dans les instances internationales de désarmement et de maîtrise des armements. Il assure la contribution du DFAE à l'élaboration de la politique de sécurité et de défense de notre pays et mène un dialogue politico-militaire avec nos partenaires étrangers. Il souhaite enfin, de concert avec les autres services du DFAE, renforcer notre engagement en faveur de la sécurité et de la paix.
La sécurité relève en principe du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), ainsi que du Département de justice et police (DFJP). Comment se délimitent les compétences entre départements?
De manière très générale, le DDPS et le DFJP sont principalement responsables de la sécurité intérieure, tandis que le DFAE est avant tout compétent pour les questions de sécurité extérieure. Mais les dangers et les problèmes de sécurité deviennent toujours plus complexes si bien que les dossiers qui requièrent l'expertise de plusieurs départements à la fois sont toujours plus nombreux. C'est le cas des opérations de soutien à la paix dans des zones en crise, des mesures contre le terrorisme ou contre la prolifération d'armes. il s'agit alors de coordonner les efforts et de les concrétiser en actions communes à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
Silvia Müller, La Suisse et le monde, 02.2002
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