En dépit des bruits de bottes, d'attentats hallucinants, de fusées tirées de sous-marins et de menaces de toute sorte, la paix - dans la justice - demeure l'aspiration de tous. Et face aux dangers qui s'annoncent, nul n'a le droit de baisser les bras. En particulier a Genève, cité dont le destin est de rechercher la paix.

Genève, un lieu pour la paix

Depuis deux cents ans, des hommes et des femmes vivant à Genève se sont efforcés de construire dans leur ville un idéal qui se mesure maintenant par la présence de multiples organisations internationales, dont l'ultime but est bien de créer les conditions juridiques, sociales, politiques et humaines nécessaires à la construction de la paix, jamais acquise. Homo homini lupus - vérité énoncée par le poète latin Plaute - demeure d'actualité mais n'en êche pas de regarder en arrière et clé lever les veux vers un horizon plus dégagé. Voilà ce que compte réaliser l'Association «Genève, un lieu pour la paix», à l'instigation de la Société Henry Dunant et en collaboration avec la Fondation pour Genève, pour commémorer le centième anniversaire de la remise du premier Prix Nobel pour la paix à Henry Dunant. Le Conseil fédéral, le Conseil d'Etat, la Ville de Genève et l'Office des Nations Unies s'associent à l'organisation des manifestations qui se dérouleront du 23 octobre au 9 novembre (inauguration mardi 23 à 17 h. à Balexert).

Henry Dunant, le pacifiste peu connu

Malade, chargé de dettes, Henry Dunant, fondateur des réseaux de santé de la Croix-Rouge dans les grands pays occidentaux, s'est retiré à Horgen (Appenzell) en 1874. Ses forces revenant, il écrit sans cesse articles et mémoires, entretient une correspondance suivie avec de nombreuses personnalités, imagine les oeuvres qu'il faudrait créer pour assurer la paix dans le monde. En 1895, un journaliste saint-gallois le «découvre» et passe une journée avec lui pour brosser un portrait de cet homme célèbre dans le monde mais ignoré dans sa patrie. Cette interview fera grand bruit. Les visites affluent, les distinctions aussi. Mille médecins réunis à Moscou lui décernent le prix de Moscou pour services rendus à l'humanité souffrante. Le Conseil fédéral n'est pas en reste qui lui accorde le Prix Binet-Fendt, destiné à l'auteur de l'acte civique le plus favorable à la concorde et à la paix (1895). En 1898, Dunant appuie la proposition du tsar Nicolas II pour inviter les puissances à conclure un accord leur interdisant d'accroître leurs armements. En 1901, à la suite de diverses interventions des "grands" de l'époque, Dunant reçoit le premier Prix Nobel pour la paix, qu'il partage avec le pacifiste français Frédéric Passy. Il ne touchera jamais aux cent mille francs (de l'époque) qu'il a reçus, craignant toujours ses créanciers. Par testament, il léguera son prix à des oeuvres philanthropiques suisses et norvégiennes et aux personnes qui l'ont soigné.

Une métropole pour la paix

La vocation de Genève comme cité où se forge la paix s'affirme dès 1 a signature de la Première Convention de Genève d'août 1860: pour la première fois, des Etats s'engagent et non plus seulement des souverains. Cette vocation ne date pas d'Henry Dunant Jean-Jacques Rousseau en avait jeté les bases. II faut surtout citer jeanJacques de Sellon qui fonda en 1820 la «Société de la paix». L'ensemble de ses couvres figure en bonne place dans les archives du Palais des Nations. Un «Congrès de la Paix» s'organise à Genève en 1867; cinq mille personnes y participent, espérant éviter une guerre franco-allemande qui éclatera néanmoins en 1870. Garibaldi, hôte de marque, rassemble ceux qui «veulent libérer Rome», lutte contre les dynasties et veut que les peuples puissent choisir leurs dirigeants. Genève devient le symbole de la liberté d'expression.

La consécration

Siège du Comité international de la Croix-Rouge (qui a reçu trois fois le Prix Nobel de la Paix), Genève reçut sa consécration de ville internationale à la fin de la Première Guerre mondiale avec l'établissement du siège de la Société des Nations, afin que la paix s'y élabore. De multiples institutions s'y établissent à leur tour et acquièrent une réputation mondiale. Après la Deuxième Guerre mondiale, Genève remplit son rôle de multiples façons: fin de la guerre d'Indochine, première rencontre Est-Ouest en pleine guerre froide, rencontre Reagan Gorbatchev, négociations sur le Golan, etc..

Le rôle exceptionnel de Genève sera rappelé de différentes façons dès la fin de ce mois par des conférences, des colloques, des expositions, des itinéraires à travers la ville où eurent lieu des événements marquants de la construction de la paix. Et un magnifique concert à Saint-Pierre pour terminer.

La question principale qui se pose là aussi aujourd'hui est celle de la relève. Pour poursuivre l'oeuvre des pionniers de «l'esprit de Genève» si souvent rappelé.


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